Des autres comme un jour.
- " Ça va ?
- …
- Tu ne me réponds pas ? Je te demande
si ça va ?
- Oh … excuses moi, j’étais ailleurs.
- Ce n’est pas très grave, ceci dit, tu ne
m’as pas encore répondu.
- Et
bien, comment te dire… pour faire simple, je répondrai non, ça ne va pas
vraiment.
- Qu’est ce qui t’arrive ?
- Ben voilà, c’est pas bien compliqué…"
Commencer une semaine et sentir tourner le vent.
Le lundi c’est bien connu, c’est pas la joie. C’est pourri
les lundis. On a l’habitude, c’est couru d’avance, on sait à quoi s’attendre.
Le lundi c’est le réveil qui sonne, à nouveau et qui met fin à cette courte période
de temps libre où, au lieu de se reposer on a préféré veiller tard, faire plus
ou moins d’excès. Le lundi c’est le voile des rêves qui se lève pour laisser
place à la dure réalité. Le lundi c’est ce cycle qui repart au point de départ.
C’est inévitable. C’est l’inverse de l’espoir. Le verre à moitié vide. Le dimanche
à minuit, tu es optimiste. Le lundi à huit heures, tu es pessimiste, comme un
jeune manifestant sous "l’ère sarkozy".
Tu te dis " attends, là il nous tient la jambe depuis
quelques lignes avec le lundi, mais putain, on sait bien ce que c’est un lundi.
Si c’est encore un de ses messages interminable, où il va encore conclure qu’il
avait rien à dire, j’arrête là ma lecture et je vais voir en fin d’article."
Attends donc encore un petit peu, j’en ai presque fini avec
les lundis.
Malgré tout, les lundis ont un avantage majeur, ils n’arrivent
qu’une fois par semaine. Ça peut paraître bête de dire ça comme si c’était un
acquis et ça devrait être vrai. Mais…
Depuis lundi, je ne vis que des lundis. Mes journées passent
et se ressemblent. Un cauchemar ? Non, un cauchemar, il suffit d’ouvrir
les yeux pour y mettre fin. Tu les ouvres en grand, le torse humide de sueur
froide, tu tâtes le lit, elle est là (ou il au choix, ou personne, désolé…) et
de suite, ça va mieux.
Mais là non et à l’inverse de Bill Muray dans "Un jour
sans fin", je ne peux influencer le jour qui se répètera demain,
inlassablement. Voilà ma journée type de "lundi" :
Rouler au volant du véhicule utilitaire de la compagnie ou
de ma voiture, à droite, à gauche, à ramener du matos ça et là. A en reprendre
par ci par là.
Manger sur le pouce.
Rouler au volant de ma voiture ou du véhicule utilitaire de
la compagnie, à gauche, à droite, à chercher la pièce manquante, livrer du matériel,
ou partir en quête d’accessoires manquants.
Et pendant mes courtes escales au bureau : faire
avancer le dossier du prochain festival que l’on organise, téléphoner à
Monsieur, faxer à Madame, rassurer les uns, passer une réservation de matériel
à récupérer grâce au véhicule utilitaire de la compagnie ou ma voiture (voir
plus haut), vérifier que ma commande de matos son indispensable est bien en
route…
Je suis vidé. Je me lève avec une migraine, m’endors avec. J’ai
du mal à être efficace quand je réfléchis et à aller à l’essentiel. Je me lève
sans énergie, je tiens la journée. Je mange mal le midi. J’essaye de me coucher
pas trop tard mais ça ne change pas grand-chose.
Aujourd’hui, après cette belle journée bien remplie, avec un
peu plus de temps pour me restaurer, j’ai fini à la terrasse d’un bistrot avec
Mat, pour boire quelques demis.
Et soudain la pression s’est envolée, l’espace d’un instant,
je me suis senti à nouveau plein. Cet instant prenait une signification
particulière. En y repensant je dirai que c’était un aparté. En premier lieu, j’ai
analysé ça comme un point, mais le point mais un terme à quelque chose. Or, ici
j’avais plutôt à faire avec un trait d’union (touche 6, enfin tiret, à ne pas
confondre avec l’underscore qui est la touche 8), une parenthèse, une virgule. C’est
ça, une virgule, posée là pour me permettre de reprendre ma respiration (car c’est
bien le rôle de la virgule, en fait).
Il parait que demain c’est férié. Moi je crois que demain
sera pour moi un lundi de plus. Enfin au moins j’ai repris ma respiration, je
repars en apnée…
L’Homme pensait qu’en quantifiant le temps, il en devenait
le maître or le temps ne se perd, ni ne se gagne, il est incompressible et on
ne le rattrape pas. Il passe sans qu’on puisse agir sur lui.